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Courrier des lecteurs

CHRONIQUES FERRET-CAPIENNES : UN 15 AOUT PAR BEAU-FIXE.

Ils sont venus ! Ils sont tous là ! Enfin, un an bientôt qu’on les attendait : les touristes du mois d’Août et les «pipoles» qu’ils viennent voir.
Parce qu’il faut vous dire, les touristes c’est comme les huitres : il y en a de toutes sortes.

Si vous venez au Cap Ferret vous ne pouvez pas l’ignorer il y a celles du bassin et celles «d’arguin» et puis plein de tailles différentes, plus elles sont grosses plus leur «numéro» diminue (N°3 c’est plus gros que 2 par exemple) et leur prix augmente : le marketing c’est le « choix » et le prix la sélection.

Les «pipoles» c’est pareil, plus la cylindrée de leur voiture est grosse, plus ils sont ici chez eux ? Si leur modèle le permet, Hummer ou Ferrari par exemple, ils peuvent même stationner dans le virage en face de «Côté sable» et si tout le stationnement interdit y est déjà complet, abandonner leur véhicule - moteur en marche et porte ouverte (pour montrer qu’ils vont revenir bientôt) – devant chez « Frédélian » le temps de faire la queue parce que - malheureusement – d’autres « pipoles » sont arrivés avant eux !

Mais ils ne risquent rien, les gens d’ici savent respecter les signes extérieurs de richesse ; ils ne sont pas les descendants de générations de naufrageurs pour rien : comme le résume le Maire aux assemblées de « résidents » : ce n’est 6 que semaines à passer.

Six semaines pour en vivre ensuite une année, ça vaux de faire quelques efforts, car c’est vrai que vivre ici à l’Année, ça se mérite.
Avoir un endroit paradisiaque, tel que «la presqu’île du bonheur» pratiquement rien qu’à soi, surtout du 11 novembre à fin février : quel pied !

Bien sûr il faut être un peu sauvage et apprécier la solitude : Mais qui n’a pas pris son vieux vélo, son ciré et ses bottes en caoutchouc pour aller jusqu’à la poste dans un petit crachin de mi-janvier venteux sous un ciel désespérément gris ne peut pas savoir.

Moi, ça ne me traumatise pas, à l’origine je suis un chti, alors le ciel gris !
N’empêche, il n’y a pas un chat dehors sauf, parfois, un couple de gens âgés tout emmitouflés qui s’aère un moment : le plus valide pousse la fauteuil de l’autre ou s’ils le peuvent encore brinquebalent tous les deux côte à côte, précautionneusement, à la vitesse que permet le déambulateur du compagnon.
Une fois arrivé à la poste (avec l’annexe de la mairie et l’école, il n’y a que ça d’ouvert l’après-midi, et pour combien de temps encore ?) vous êtes toujours bien accueilli car les « usagers » se font rares hors-saison et la préposée s’ennuie : on parle du temps qu’il fait et du temps qui passe…pour lui soutenir le moral je lui annonce pour bientôt, vu leur cadence, l’arrivée des deux vieux qui me suivent certainement pour faire un retrait sur leur CCP : nul doute qu’ils viennent là, je ne les imagine pas monter au phare, à moins qu’une démarche à la Mairie ne soit leur raison de braver la tempête.

On serait en banlieue je me mettrai en embuscade pour les bousculer avec mon vélo et leur piquer leur sac à la sortie de la poste ! Enfin un fait d’hiver !


Mais qu’est-ce que je ferai de leur quelques euros : il n’y a pas un magasin d’ouvert !
Et puis je me ferai certainement serrer : tout le monde connaît tout le monde ici et même si on me parle peu je suis fatalement repéré.

C’est pour ça aussi que j’aime l’été : retrouver l’anonymat.
Je m’installe souvent sur un banc face au bassin près de la pharmacie et j’observe avec bonhommie les touristes fraîchement débarqués de la pinasse (Oups ! Excusez même l’UBA les appellent des Vedettes ! Elles ne doivent donc pas être faites en pin).

Ils viennent voir s’il y a de la plage ? Ils auraient pu le repérer depuis le ponton mais non ; et si c’est marée basse ? Puis regardant plus loin s’interrogent mutuellement : «Tu crois que ce sont des parcs à huitres ? », et, «Il y en a dedans actuellement ?».
C’est alors que j’interviens dans leur conversation ou que je leur répond s’ils commencent leur question par «Vous êtes d’ici ?» et un instant – un instant seulement - je me sens intégré, mais je n’ignore rien de ma duplicité : seuls les touristes me croient d’ici ! Les autres, les originaires : ils savent que je suis un ancien « estivant ».

Il y a même, dans ce flux cadencé de béotiens, certains qui râlent parce que la marée est trop haute ou trop basse.
J’imagine que nombre d’entre eux, s’ils savaient les trafics de sables qui se pratiquent au Ferret en avant-saison, souhaiteraient qu’en plus d’engraisser les plages (et les entreprises de BTP) en ramenant le sable du mimbeau vers le débarcadère chaque année (même les plages ici sont trafiquées !) on veille aussi à retenir de l’eau pour qu’ils puissent se baigner tout le temps !

Je vous parle des touristes piétons, les « pipoles », eux, ont leur piscine ou même leur plage privée en eau profonde protégée par une digue et parfois même un arrête municipal de «danger» qui interrompt le fameux « chemin du littoral » qui doit, d’ailleurs, si j’ai bien observé la côte, s’être noyé du côté de piraillan.

Les touristes «agréés», ceux à qui on donne un plan précis quand ils débarquent avec trois destinations possibles : l’Océan plage de l’Horizon-baraques à frites et CRS et hop dans le petit train, le Village des pêcheurs authenticité et dégustations ou le Phare et son escalade virile.

A pieds ou à vélo, avec, sur le chemin des stations aux adresses des étapes mercantiles où dépenser utilement leur pécule des vacances avant de revenir, essorés, faire la queue au bout du bout de la jetée pour la vedette du soir.

C’est curieux d’ailleurs que l’on n’ait encore rien installé pour dépenser encore au bout de ce débarcadère comme l’ont fait les anglais à Brighton ou les américains à « Brooklin by the sea » ? Pourtant la « Villa Algérienne », que tous regrettent, avait été un Casino autrefois avec son débarcadère privé…il y a donc un précédent et, peut-être, une nouvelle piste pour bétonneurs sans problème de foncier avec du boulot local pour nos jeunes : voilà un projet porteur en toute saison, sinon à quoi ça servirait d’avoir tous ces pipôles sur place pour seulement l’été ?

Personnellement je fais de ce mix Touristes-Pipoles du mois d’aout un usage particulier et assez immodéré, en effet si tous les résidents permanents – comme moi – savent que le Cap c’est « le trou du C.. » du monde en hiver, nous sommes nombreux, néanmoins à avoir eu, dans une autre vie dans de grandes villes, des «réseaux» tels que seuls les français savent les pratiquer utilement quand ce n’était pas des «confréries» et autres «fraternités» donc au final plein de gens que nous n’envisageons guère de revoir !

Aussi le choix d’une presqu’île n’est pas un hasard (après c’est l’île aux oiseaux – snob mais rustique et surtout risque de coup de fusil ! peut-être même littéralement pour certains d’entre nous !), car on ne « passe » pas au Ferret, on y vient – exprès !

Misanthropie, facilité, goût de la solitude voire misogynie ou divorce bien des raisons et certainement d’autres encore plus épicuriennes qui nous mènent ici car quand on inventorie le contenu de nos poubelles, le Cap Ferret détient le record du tour du bassin pour la consommation d’alcool par habitant l’été !

Il y a donc ici de nombreux adeptes de la fête, parents ou enfants ?
Non, parents + enfants, ensemble ou séparément, mais toujours avec les copains.
Une seule différence : nos enfants – ces rebelles plutôt friqués – ne font pas usage du tri sélectif et balancent les bouteilles de Vodka et de Téquila là ou se tenait la « Teuf ! ».

Donc ce que j’aime au mois d’août c’est ce dont je suis privé tout le reste de l’année et que j’hésite à aller chercher à Mérignac et Bordeaux : des embouteillages et de l’incivilité.
J’en fais le plein sur place pour m’ôter toute envie de retourner en inter-saison à la vie estampillée «civilisée».

Ainsi, chaque jour quand je peux mais toujours le 15 août, je sors mon vieux break «fourre-tout» (matériel de mouillage, roues de remorque, affaires de bain, bidons d’essence, cordages et sandows divers) et je vais «m’embouteiller» à ma façon.

Je vais du boulevard de la plage (je recommande les alentours de l’église à la sortie de la messe quand les bons chrétiens s’invectivent) à la Place du marché (très bien le nouveau parking que sa nouvelle configuration rend d’usage quasi-impossible à la plupart des estivants qui, du coup, vont s’ensabler profondément dans les trottoirs environnants) et arriver pour finir dans le cul-de-sac du village des pêcheurs à la porte des 44 hectares dont j’esquive l’Aventure cahoteuse dans des fondrières savamment entretenues.

Coups de klaxon (j’avais oublié que ça existait), invectives aux ronds-points suite aux blocages têtus entre un 33 (j’étais là avant !) et un 75 (la route est à tout le monde !) et nouveaux coups de klaxons de ceux qui attendent et – bien qu’en vacances – ont des «choses à faire» et sont «pressés», le tout cerné par des cyclistes hilares et virevoltants autour de grappes de piétons égarés et danger de collision permanent.

Pas un policier municipal – ils sont eux-même bloqués sur la Nationale en route pour le Cap et veillent – à 5kms/heure – que les 50 imposés ne soient pas dépassés !

Après une petite heure de civilisation passée au soleil et sans climatisation, je m’échappe et reviens à ma page préférée, l’eau est juste arrivée au pied de l’escalier (j’ai appris à lire l’annuaire des marées et à l’ajuster au micro-climat du Cap), elle est claire et transparente mais surtout à bonne température.


La marée montante en recouvrant le sable a chassé les bronzés avachis et leurs enfants qui pataugeaient bruyamment dans « mon coin de baignade ».
C’est l’étale et il n’y a pratiquement pas de courant, je nage d’une brasse tranquille vers mon annexe, j’y fais une pause et je regarde la plage ; une sensation de bien-être m’envahit, comment dit-on bonheur en Ferret-Capien ?

Mais que fait ce type qui marche dans l’eau en short avec sa canne à pêche et son attirail? Qu’espère t-il ferrer ici en faisant ses lancers ? Des trogues ?
Et bientôt certainement un nageur : moi, peut-être si je le laisse faire.

Je sais à cet instant que Sartre avait bien raison : « l’Enfer c’est les autres ».

Miguel De Vilaverde.©
16-08-2012.
CHRONIQUES FERRET-CAPIENNES : UN 15 AOUT PAR BEAU-FIXE.

Ils sont venus ! Ils sont tous là ! Enfin, un an bientôt qu’on les attendait : les touristes du mois d’Août et les «pipoles» qu’ils viennent voir.
Parce qu’il faut vous dire, les touristes c’est comme les huitres : il y en a de toutes sortes.

Si vous venez au Cap Ferret vous ne pouvez pas l’ignorer il y a celles du bassin et celles «d’arguin» et puis plein de tailles différentes, plus elles sont grosses plus leur «numéro» diminue (N°3 c’est plus gros que 2 par exemple) et leur prix augmente : le marketing c’est le « choix » et le prix la sélection.

Les «pipoles» c’est pareil, plus la cylindrée de leur voiture est grosse, plus ils sont ici chez eux ? Si leur modèle le permet, Hummer ou Ferrari par exemple, ils peuvent même stationner dans le virage en face de «Côté sable» et si tout le stationnement interdit y est déjà complet, abandonner leur véhicule - moteur en marche et porte ouverte (pour montrer qu’ils vont revenir bientôt) – devant chez « Frédélian » le temps de faire la queue parce que - malheureusement – d’autres « pipoles » sont arrivés avant eux !

Mais ils ne risquent rien, les gens d’ici savent respecter les signes extérieurs de richesse ; ils ne sont pas les descendants de générations de naufrageurs pour rien : comme le résume le Maire aux assemblées de « résidents » : ce n’est 6 que semaines à passer.

Six semaines pour en vivre ensuite une année, ça vaux de faire quelques efforts, car c’est vrai que vivre ici à l’Année, ça se mérite.
Avoir un endroit paradisiaque, tel que «la presqu’île du bonheur» pratiquement rien qu’à soi, surtout du 11 novembre à fin février : quel pied !

Bien sûr il faut être un peu sauvage et apprécier la solitude : Mais qui n’a pas pris son vieux vélo, son ciré et ses bottes en caoutchouc pour aller jusqu’à la poste dans un petit crachin de mi-janvier venteux sous un ciel désespérément gris ne peut pas savoir.

Moi, ça ne me traumatise pas, à l’origine je suis un chti, alors le ciel gris !
N’empêche, il n’y a pas un chat dehors sauf, parfois, un couple de gens âgés tout emmitouflés qui s’aère un moment : le plus valide pousse la fauteuil de l’autre ou s’ils le peuvent encore brinquebalent tous les deux côte à côte, précautionneusement, à la vitesse que permet le déambulateur du compagnon.
Une fois arrivé à la poste (avec l’annexe de la mairie et l’école, il n’y a que ça d’ouvert l’après-midi, et pour combien de temps encore ?) vous êtes toujours bien accueilli car les « usagers » se font rares hors-saison et la préposée s’ennuie : on parle du temps qu’il fait et du temps qui passe…pour lui soutenir le moral je lui annonce pour bientôt, vu leur cadence, l’arrivée des deux vieux qui me suivent certainement pour faire un retrait sur leur CCP : nul doute qu’ils viennent là, je ne les imagine pas monter au phare, à moins qu’une démarche à la Mairie ne soit leur raison de braver la tempête.

On serait en banlieue je me mettrai en embuscade pour les bousculer avec mon vélo et leur piquer leur sac à la sortie de la poste ! Enfin un fait d’hiver !


Mais qu’est-ce que je ferai de leur quelques euros : il n’y a pas un magasin d’ouvert !
Et puis je me ferai certainement serrer : tout le monde connaît tout le monde ici et même si on me parle peu je suis fatalement repéré.

C’est pour ça aussi que j’aime l’été : retrouver l’anonymat.
Je m’installe souvent sur un banc face au bassin près de la pharmacie et j’observe avec bonhommie les touristes fraîchement débarqués de la pinasse (Oups ! Excusez même l’UBA les appellent des Vedettes ! Elles ne doivent donc pas être faites en pin).

Ils viennent voir s’il y a de la plage ? Ils auraient pu le repérer depuis le ponton mais non ; et si c’est marée basse ? Puis regardant plus loin s’interrogent mutuellement : «Tu crois que ce sont des parcs à huitres ? », et, «Il y en a dedans actuellement ?».
C’est alors que j’interviens dans leur conversation ou que je leur répond s’ils commencent leur question par «Vous êtes d’ici ?» et un instant – un instant seulement - je me sens intégré, mais je n’ignore rien de ma duplicité : seuls les touristes me croient d’ici ! Les autres, les originaires : ils savent que je suis un ancien « estivant ».

Il y a même, dans ce flux cadencé de béotiens, certains qui râlent parce que la marée est trop haute ou trop basse.
J’imagine que nombre d’entre eux, s’ils savaient les trafics de sables qui se pratiquent au Ferret en avant-saison, souhaiteraient qu’en plus d’engraisser les plages (et les entreprises de BTP) en ramenant le sable du mimbeau vers le débarcadère chaque année (même les plages ici sont trafiquées !) on veille aussi à retenir de l’eau pour qu’ils puissent se baigner tout le temps !

Je vous parle des touristes piétons, les « pipoles », eux, ont leur piscine ou même leur plage privée en eau profonde protégée par une digue et parfois même un arrête municipal de «danger» qui interrompt le fameux « chemin du littoral » qui doit, d’ailleurs, si j’ai bien observé la côte, s’être noyé du côté de piraillan.

Les touristes «agréés», ceux à qui on donne un plan précis quand ils débarquent avec trois destinations possibles : l’Océan plage de l’Horizon-baraques à frites et CRS et hop dans le petit train, le Village des pêcheurs authenticité et dégustations ou le Phare et son escalade virile.

A pieds ou à vélo, avec, sur le chemin des stations aux adresses des étapes mercantiles où dépenser utilement leur pécule des vacances avant de revenir, essorés, faire la queue au bout du bout de la jetée pour la vedette du soir.

C’est curieux d’ailleurs que l’on n’ait encore rien installé pour dépenser encore au bout de ce débarcadère comme l’ont fait les anglais à Brighton ou les américains à « Brooklin by the sea » ? Pourtant la « Villa Algérienne », que tous regrettent, avait été un Casino autrefois avec son débarcadère privé…il y a donc un précédent et, peut-être, une nouvelle piste pour bétonneurs sans problème de foncier avec du boulot local pour nos jeunes : voilà un projet porteur en toute saison, sinon à quoi ça servirait d’avoir tous ces pipôles sur place pour seulement l’été ?

Personnellement je fais de ce mix Touristes-Pipoles du mois d’aout un usage particulier et assez immodéré, en effet si tous les résidents permanents – comme moi – savent que le Cap c’est « le trou du C.. » du monde en hiver, nous sommes nombreux, néanmoins à avoir eu, dans une autre vie dans de grandes villes, des «réseaux» tels que seuls les français savent les pratiquer utilement quand ce n’était pas des «confréries» et autres «fraternités» donc au final plein de gens que nous n’envisageons guère de revoir !

Aussi le choix d’une presqu’île n’est pas un hasard (après c’est l’île aux oiseaux – snob mais rustique et surtout risque de coup de fusil ! peut-être même littéralement pour certains d’entre nous !), car on ne « passe » pas au Ferret, on y vient – exprès !

Misanthropie, facilité, goût de la solitude voire misogynie ou divorce bien des raisons et certainement d’autres encore plus épicuriennes qui nous mènent ici car quand on inventorie le contenu de nos poubelles, le Cap Ferret détient le record du tour du bassin pour la consommation d’alcool par habitant l’été !

Il y a donc ici de nombreux adeptes de la fête, parents ou enfants ?
Non, parents + enfants, ensemble ou séparément, mais toujours avec les copains.
Une seule différence : nos enfants – ces rebelles plutôt friqués – ne font pas usage du tri sélectif et balancent les bouteilles de Vodka et de Téquila là ou se tenait la « Teuf ! ».

Donc ce que j’aime au mois d’août c’est ce dont je suis privé tout le reste de l’année et que j’hésite à aller chercher à Mérignac et Bordeaux : des embouteillages et de l’incivilité.
J’en fais le plein sur place pour m’ôter toute envie de retourner en inter-saison à la vie estampillée «civilisée».

Ainsi, chaque jour quand je peux mais toujours le 15 août, je sors mon vieux break «fourre-tout» (matériel de mouillage, roues de remorque, affaires de bain, bidons d’essence, cordages et sandows divers) et je vais «m’embouteiller» à ma façon.

Je vais du boulevard de la plage (je recommande les alentours de l’église à la sortie de la messe quand les bons chrétiens s’invectivent) à la Place du marché (très bien le nouveau parking que sa nouvelle configuration rend d’usage quasi-impossible à la plupart des estivants qui, du coup, vont s’ensabler profondément dans les trottoirs environnants) et arriver pour finir dans le cul-de-sac du village des pêcheurs à la porte des 44 hectares dont j’esquive l’Aventure cahoteuse dans des fondrières savamment entretenues.

Coups de klaxon (j’avais oublié que ça existait), invectives aux ronds-points suite aux blocages têtus entre un 33 (j’étais là avant !) et un 75 (la route est à tout le monde !) et nouveaux coups de klaxons de ceux qui attendent et – bien qu’en vacances – ont des «choses à faire» et sont «pressés», le tout cerné par des cyclistes hilares et virevoltants autour de grappes de piétons égarés et danger de collision permanent.

Pas un policier municipal – ils sont eux-même bloqués sur la Nationale en route pour le Cap et veillent – à 5kms/heure – que les 50 imposés ne soient pas dépassés !

Après une petite heure de civilisation passée au soleil et sans climatisation, je m’échappe et reviens à ma page préférée, l’eau est juste arrivée au pied de l’escalier (j’ai appris à lire l’annuaire des marées et à l’ajuster au micro-climat du Cap), elle est claire et transparente mais surtout à bonne température.


La marée montante en recouvrant le sable a chassé les bronzés avachis et leurs enfants qui pataugeaient bruyamment dans « mon coin de baignade ».
C’est l’étale et il n’y a pratiquement pas de courant, je nage d’une brasse tranquille vers mon annexe, j’y fais une pause et je regarde la plage ; une sensation de bien-être m’envahit, comment dit-on bonheur en Ferret-Capien ?

Mais que fait ce type qui marche dans l’eau en short avec sa canne à pêche et son attirail? Qu’espère t-il ferrer ici en faisant ses lancers ? Des trogues ?
Et bientôt certainement un nageur : moi, peut-être si je le laisse faire.

Je sais à cet instant que Sartre avait bien raison : « l’Enfer c’est les autres ».

Miguel De Vilaverde.©
16-08-2012.

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